Friday, January 5, 2007

Johnny en Suisse

Ma réponse à ce billet tout bonnement ahurissant.

Johnny en Suisse !?

Et bien moi aussi, si j'apprécie le Johnny artiste et admire son talent, je n'approuve pas le citoyen, mais alors pas du tout ! OK, il part, fiscalement, en Suisse, et il payera donc moins d'impôts. So what ? Etait-il donc au bord de la paille, était-il dans le besoin financier ?


Et bien moi, c’est plutôt le contraire. Notre Johnny national m’indiffère totalement, chacun son truc. En revanche, le citoyen Smet me botte vraiment. Ce n’est pas parce que l’on gagne des millions d’euros, chaque année que Dieu fait, que l’on doit se laisser plumer à hauteur de 70% de ses revenus. Ca, ce n’est pas de l’imposition mais bien du racket, du vol à main armée. Que le paiement de l'impôt lui laisse largement de quoi vivre ne saurait tenir lieu de justification à la spoliation étatique. Après tout, lorsque l'on veut bien se donner la peine de fureter de par le monde, on s'aperçoit que de nombreux pays réussissent nettement mieux que la France avec une imposition nettement plus légère. Mais vous semblez faire l'économie de ce genre de questionnement.

Franchement, ce ne sont pas des attitudes citoyennes. Quand on a la chance d'avoir un talent reconnu qui permet d'amasser des millions, il me semble normal d'en faire profiter la collectivité, par solidarité.

Attitude citoyenne, le gentil citoyen politiquement correct branché est lâché. Michel de Guilhermier fait dans la novlangue social-démocrate à la franchouille. Il aurait utilisé l'expression "attitude civique", je n'aurais pas trop tiqué, mais là, franchement, ça sent un peu son petit capitaliste de connivence bien français. Rendez-vous compte, quel salaud ce Johnny! non seulement il se fait un pognon monstre mais en plus il a du talent! Haro sur le nanti. Dites moi mon petit Michel (vous permettez que je vous appelle Michel?), puisque vous parlez si bien de la solidarité et vu que vous semblez également à l'abri du besoin, j'apprécierais assez que vous me filiez un coup de main pour payer mes impôts. Allez, un beau geste, soyez solidaire, je ne suis qu'un modeste fonctionnaire de catégorie C avec trois enfants à charge. A moins que la seule solidarité qui trouve grâce à vos yeux soit celle, obligatoire, de l'état.

Oui, être assujétis à l'ISF (et j'y suis) n'est pas agréable, on ne dira pas le contraire. Mais franchement, faut quand même relativiser. Quand on gagne des centaines de milliers d'euros ou des millions tous les ans, et quand on a comme Johnny un patrimoine qui se compte en dizaines de millions, il y a largement de quoi être heureux pour vivre très confortablement en payant ses impôts normalement.

Et si ceux qui ont la chance de très bien gagner leur vie et d'avoir un patrimoine important ne payent pas d'impôts, qui va le faire ? Qui va financer la France, les investissements que nous devons faire pour améliorer nos infrastructures, notre R&D insuffisante, notre système éducatif, etc.


Ce que vous ne semblez pas comprendre, c'est que le débat ne se situe pas sur ce plan, il n'y a guère que les socialistes et autres gauchistes (sans oublier ceux qui gravitent dans leurs roues pour grapiller quelques avantages) pour ne pas le comprendre. C'est avant tout une question de principe, presque un point de morale. Un impôt bien senti devrait se limiter au strict nécessaire de manière à donner à l'état les moyens d'assurer ses fonctions régaliennes. Or, force est de constater que l'état-providence que vous semblez aduler a largement dépassé ce cadre. Bon an, mal an, les con-tribuables français se voient en moyenne dépouillés de 55% de leurs revenus par cet état de plus en plus goinfre de ressources. Pour quel résultat? Une inEducation Nationale qui ressemble plus à une fabrique de crétins formatés qu'à une abbaye de Thélème ayant pour vocation de former de beaux et bons esprits. Des sévices publics largement déficitaires, qui fonctionnent comme ils le peuvent lorsqu'ils ne sont tout bonnement pas pris en otages par la racaille syndicale soucieuse de préserver ses mesquins avantages acquis. Dois-je continuer?

Quand on part s'exiler en Suisse, au UK ou en Belgique, pense t-on à l'argent en moins qui pourrait servir à son pays ? Non, on pense à soi, et non pas à son confort immédiat, car lui ne va pas changer, mais à son patrimoine, pour qu'il soit encore plus important.

Et après ? So what ? Ca en devient freudien cette histoire, cette volonté frénétique d'amasser en ne laissant que des miettes pour la collectivité. Faut sans doute vraiment manquer de repères, de racines et de valeurs pour faire des choses pareilles. Et soyons clair, ceux qui peuvent se permettre de partir ainsi, sont forcément ceux qui disposent de gros moyens, ceux qui par nature peuvent, et doivent, donner l'exemple...


Quand on part s'exiler fiscalement à l'étranger on pense peut-être à soi, j'en conviens volontiers, mais est-ce un mal? Par ailleurs, vous semblez oublier que l'on pense également à ses enfants, car rares les hommes qui ne se soucient pas de la transmission de leur patrimoine à leurs descendance. On pense également à la transmission de l'entreprise qui trop souvent en raison des règles de succession doivent changer de mains pour que la famille puisse verser à l'état son impôt sur la mort. Mais ce faisant, vous oubliez de mentionner dans votre grande croisade sur la solidarité et l'exemplarité des nantis la masse des politiciens, ces nouveaux nobliaux des temps modernes qui savent s'exonérer, en douce, de charges trop lourdes mais qui en revanche sont passés maîtres ès foutage de gueule (Cf l'inénarrable Hollande qui n'aime pas les riches).

Si certains hommes politiques aiment dévoyer cette histoire Johny en stigmatisant le problème de la fiscalité en France, je préfèrerais stigmatiser pour ma part le manque de valeur, c'est ça le vrai problème ! La, c'est vraiment du chacun pour soi, et ce n'est pas vivre en société ça, et c'est encore moins un exemple à suivre !

Et l'homme politique qui volontairement détourne le vrai débat de valeur ne peut pas avoir un vraie stature de chef d'Etat.


Là, j'avoue que les bras m'en tombent. J'en arrive à me demander si vous êtes un peu simple ou si au contraire vous n'êtes pas un de ces roués, fieffés roublards qui rôdent près des allées du pouvoir, espérant à force de simagrées et de veuleries obtenir un petit privilège supplémentaire. Mais rassurez-vous, que ce soit Nicolène ou Ségolas qui l'emporte, vous serez largement mis à contribution, si l'on en juge par l'escalade incessante et grotesque de leurs promesses toutes plus insensées les unes que les autres. Allez, j'espère même pour vous que ce sera Arlette ou Olivier qui l'emporteront, vos désirs de solidarité seront alors comblés, ils vous plumeront et vous pourrez alors prendre le chemin de l'exil, une main devant, une main derrière, mais la tête haute avec la satisfaction du devoir citoyen accompli.

Tant que j'y suis, mon petit Michel, un texte pour compléter le dossier helvétique.

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